LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE

Iman vient d’être nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Quelle joie, quelle fierté ! Son épouse Najmeh imagine déjà tout ce que cette promotion va améliorer pour leur vie de famille. Elle a tellement hâte d’annoncer cette grande nouvelle à leur deux filles, Rezvan et Sana, toutes deux étudiantes. Bien sûr de telles responsabilités riment aussi avec plus de danger potentiel et Iman se voit confier une arme de service qu’il devra toujours avoir avec lui.
Mais au moment même de sa prise de poste, un mouvement de protestation populaire porté par les femmes prend une ampleur inédite. À la maison, ses filles suivent l’évolution de la contestation via les réseaux sociaux... La paranoïa envahit Iman lorsque son arme de service disparaît...
Mohammad Rasoulof (Un homme intègre, Le Diable n’existe pas) nous prouve à nouveau qu’il est un immense cinéaste : outre la puissance et la subtilité impressionnantes de son propos, sa mise en scène nous happe de bout en bout... Comme dans ses précédents films, il saisit les nuances autant dans la soumission aux institutions que dans la résistance idéologique et nous montre à quel point l’oppression politique et religieuse pénètre jusque dans l’intimité des populations. Il est difficile de trouver les mots face à une œuvre de cette ampleur et de cette qualité... D’autant qu’on ne peut totalement oublier le contexte général dans lequel Les Graines du figuier sauvage ont germé ni les conséquences directes sur l’équipe du film : Rasoulof a été condamné, emprisonné et a finalement choisi l’exil. Plusieurs membres de son équipe ont suivi cette même voie ; ceux restés en Iran subissent menaces et persécutions... Ce contexte infuse le récit : la critique vis-à-vis du régime y est frontale, sans appel. Un thriller politique sans concession : quel film !